Vous savez mon goût pour les mots et pour le slam ou si vous ne le saviez pas vous voilà informés ! J'ajoute donc cette page pour y poster les quelques textes que m'auront inspiré cette aventure. 


NOVEMBRE 2023

Face au lagon souvent je vois bleu

Face au lagon souvent je souris même quand il pleut

Face au lagon parfois je vois rouge

Face au lagon parfois je fais la liste de ce que je désapprouve

Ici je peux me sentir à l’abris autant qu’exposer au danger

Ici je peux me voir grandir autant que sentir ma condition menacée

 

J’ai vécu d’être prise pour une pute

Parce que j’portais un short plutôt qu’un fute

N’en déplaise à ses messieurs et même à ces dames

Je m’assiérai sur leur avis plutôt que sur la place de la femme

Tu m’indiques la tenue que j’dois porter et ça m’va loin

Tu me mets la main au cul, tu te prendrais bien mon poing

 

Elle est des îles où plus que jamais le savoir est une arme

Elle est des paradis où l’isolement crée des drames

J’ai vu des femmes avoir des enfants contre leur gré

Parce que le choix d’une contraception ne leur était pas réservé

J’ai vu des femmes gagner l’Europe pour avorter

Parce qu’à l’église on a répété haut et fort que c’était un péché

 

Le lagon pour emblème, l’écume pour maison

La religion pour modèle, la coutume pour prison

Ou quand l’emprise des uns crée la déprime des autres

Et que les caprices de certains distribuent les fautes

Quelques Francs Pacifique pour essuyer la peine

Quelques bouteilles de whisky pour que la vie reprenne

 

Face au lagon souvent je vois bleu

Face au lagon souvent je souris même quand il pleut

Face au lagon parfois je vois rouge

Face au lagon parfois je fais la liste de ce que je désapprouve

D’ici j’essaie de tirer le meilleur

Mais je n’oublierai jamais le pire de cet ailleurs

 

DECEMBRE 2023

J’allais me poser enfin, c’est le soir

Et soudain coupure générale de courant, nuit noire

Déconnexion forcée avec le monde mais pas question de perdre la raison
J’allume une bougie, je sors une feuille et prends un crayon

Allez quoi c’est l’occasion de coucher les mots sur le papier

Qu’est-ce que je vais bien trouver à faire rimer ?

 

Alors J’ai tourné les yeux vers le lagon mais je n’y ai rien distingué

Seulement perçu le bruit des vagues, le vent dans les palmiers

Tu sais c’qu’on dit, que privé d’un sens les autres ont tendance à se développer

Et c’est vrai que plongée dans le noir c’est sur d’autres détails que j’me suis concentrée

J’ai levé la tête vers la lune qui rit jaune dans le Pacifique

Je t’assure y’a même une explication scientifique

 

J’ai cru que j’allais finir par voir autre chose, que ma vue allait finir par s’habituer

Que ça allait doucement alimenter ma prose, sans trop devoir chercher

Mais rien, les nuages cachent maintenant la lune, le noir est complet

Remplir une feuille blanche dans le noir… J’ai souri à cette idée !

Et là, révélation : si je regarde en moi je vais y voir clair !

Bordel quel projet rendez-moi la lumière !

 

Plus sérieusement, faut-il vraiment parcourir le monde pour se connaître mieux ?

Ou l’aventure permet-elle seulement de trouver le temps pour ce travail périlleux ?

Est-ce de se confronter à d’autres mœurs qui nous bouscule de l’intérieur ?

Ou de comprendre que l’ego mis de côté peut changer notre regard sur l’ailleurs ?

Sortir de sa zone de confort comme sortir de l’ombre

Mettre enfin des réponses sur ce qui depuis trop longtemps nous encombre

Voilà que la lumière revient, vite j’appuie sur l’interrupteur

Je m’octroye une prolongation et pose le regard sur mon cœur

Il a lui aussi profité de cette pause au milieu de l’Océan

Mais il se demande encore ce qu’il fera en rentrant

Ouf le voyage n’est pas fini il a encore le temps

Alors vivement la prochaine coupure de courant

AVRIL 2023

Slam composé et déclamé avec Gaby avant notre départ 

 

Maman et moi bientôt on va faire un long voyage

Pour vivre au cœur d’une île aux beaux paysages

Moi j’adore déjà les plages en Belgique

J’ai hâte de découvrir le lagon du Pacifique

 

Il y a des opportunités qui apparaissent comme des évidences

Il y a des projets qui raisonnent comme des résiliences

Et quand toutes les planètes nous semblent alignées

Il y a des choix qui sont faits sans hésiter

 

Maman et moi on part deux ans au bout du monde

Quand elle me l’a annoncé je n’ai pas hésité une seconde

J’ai pensé à la belle aventure que ce serait

J’ai imaginé la nouvelle culture que je découvrirai

 

On pourrait s’attacher à notre confort ici

On pourrait s’émouvoir de ceux qui nous manqueront là-bas

Mais ne cesse-t-on pas de dire qu’on a qu’une vie ?

Autant la vivre alors telle qu’on la conçoit

 

Là-bas logement, école, amis, … tout sera nouveau

Et pour rester en contact avec la France il y aura les appels en visio.

Là-bas je vais avoir mes 10 ans et entrer au collège

Je vais continuer à grandir sous l’œil de maman qui me protège

 

La carte postale toutefois ne doit pas uniquement nous éblouir

Derrière les cocotiers du monde entier les peuples locaux ont souvent la vie dure

Nous aurons tant à apprendre de ces gens prêts à nous accueillir

De quoi remplir de nombreux carnets d’écriture

 

Allez ma Princesse prends ma main, on y va

Tu te souviens pourquoi je t’emmène là-bas ?

 

Oui maman, tu me dis sans cesse que tu m’aimes jusqu’au bout de la terre

Alors tu m’y emmènes pour me prouver que ce ne sont pas des paroles en l’air ! 

MAI 2023

Ici la tong est reine

Ici le pied nu est roi

Pas d’angoisse si tu n’as pas la paire de baskets pour laquelle en métropole on se déchaîne

Pas de poisse si ton pied gauche marche dans n’importe quoi

Et puis la tong et le pied nu s’accordent à toutes les dégaines

Faut avouer que ça facilite le choix

 

Le dégradé de bleu du lagon et le vert de la végétation sont harmonieux

A en faire presque oublier un traitement des déchets douteux…

Ici tu passes d’abris de fortune à des villas fastes

Bienvenu sur une île aux multiples contrastes

Et pourtant il en faut plus pour faire pâlir l’enthousiasme général

Ici on chante, on danse, on rit, c’est bon pour le moral

 

Moi je suis une papalagi (prononcé « papalagni ») qui désormais dit malo (bonjour)

Qui reste ébahie devant les tomates à 18€ le kilo et le Nutella à 10 balles le pot

Mais point trop d’ostentation il ne faut, on fait avec les produits locaux

Alors si t’as faim t’as qu’à manger de l’igname, du manioc ou du taro

Et quand t’as saisi qu’au niveau éducation alimentaire on est proche de zéro

Bah tu te retrousses les manches, tu te mets au boulot

 

Ici pas de chichi pas de blabla quel que soit le sport pratiqué 

Les basketteurs à pieds nus courent plus vite que toi qui est chaussé(e)

Et au cross des collèges non plus, les baskets n’ont pas passé la ligne d’arrivée en premier

Si tu veux faire local il y a le rugby, le cricket et le volley

Pas d’excuse qui vaille qu’elle que soit l’activité

Wallis devrait être un stage pour les papalagi fatigués… 

 

Allez j’enfile mes tongs il est temps d’y aller

De poursuivre la découverte et de se laisser bercer

Allégée de la pression et des tensions passées

D’un masque et d’un tuba seulement armée

Main dans la main avec ma poupée

Vers le récif les yeux tournés

Créez votre propre site internet avec Webador